Ah la fuzz … Effet aussi mythique que contreversé ! Certes les premiers Guitar Heroes ont taillé des riffs d’anthologie sur les premières Fuzz Face (Hendrix, big up bro’). Encore aujourd’hui, des guitaristes aussi talentueux que créatifs tels que Mathew Bellamy ou Josh Homme ont fait de cet effet leur signature sonore. Mais entre ces monstres, une époque et 3 générations de chevelus se sont succèdés. Oui mais également une belle palanqué de margoulins ne sachant produire qu’une bouillie sonore avec cet effet !  Ma fuzz ne perce pas dans le mix ? Allez c’est parti !

Chez Effects Area on aime les fuzz. Il suffit de voir notre catalogue … d’ailleurs on va un peu se calmer parce que ça devient n’importe quoi ! On aime la fuzz pour plusieurs raisons. Tout d’abord, si vous avez lu notre article overdrive vs distortion, vous savez que la fuzz est un des premiers effets inventés. Rien que par son pedigree nous sommes séduits. Ensuite, parce qu’il existe une offre monumentale, du vintage, du moderne, du sage du pas sage et tout ce qui gravite entre les 2 😉 Enfin, la fuzz a un caractère, une hargne définissant à elle seule le son rock. Oui je ne suis pas objectif mais j’aime ça ! 

Le problème c’est que derrière cet aspect essentiel se cache une vérité bien moins reluisante : 

« Une pédale de Fuzz c’est chiant et compliqué à bien faire sonner ! »

Je vais vous conter une histoire qui fera écho dans les oreilles de bon nombre d’entre vous : Vous venez d’acheter une super fuzz et elle vous a couté une demi-couille (c’est normal c’est du boutique inculte). 

Tout fier, vous la branchez sur votre ampli favori et c’est parti. Quelle claque ! « C’est gras, défini, bien vénère ! » Oui c’est vrai. Vous vous dites légitimement qu’à la prochaine répète, Adrien(ne) (point de discrimination) votre connard de 2ème guitariste, audiophile de son état, sera bluffé€ et ne pourra que vous féliciter. Vous déboulez donc au studio, manche à la main et des étoiles pleins les yeux. Malheureusement lorsque vous déchainez votre fuzz on ne vous entends pas. Mais genre pas du tout. Pour palier à ce problème vous monter le son de votre effet et là, non seulement on vous entend mais le studio d’à côté vient tocquer à votre porte pour des problèmes d’acouphènes. Et là le couperet s’abat :

 C’est « super criard » se plaint votre chanteur. « Tu me gênes, dit à son tour le bassiste, je ne discerne plus mes notes ». Seul le batteur n’émet point d’objection, et pour cause :  il sait à peine parler. Vous savez, compter jusqu’à 4 et recommencer à tendance à ramollir le cerveau « et mon rythme en 5/4 de l’autre fois ??? » Pardon Mark. Bref, vous avez bravé le couvre-feu pour rien quoi. Et on ne peut que vous comprendre ! Mais rassurez-vous, on va voir que ce ressenti est normal ! Mais surtout les petites astuces pour ne plus être confronté à ce problème !!

Ce creux dans les médiums, LA signature des Fuzz ?

Souvent lorsque l’on teste une fuzz, on est étonné du rendu à la maison. C’est plutôt flatteur, on sent la puissance et le gras de l’effet. C’est normal, il n’y a que vous et votre guitare. Vous pouvez vous comporter en célibataire égoïste, ne pensant qu’à votre jouissance personnelle.

 Cependant, lorsque l’on met en place un mix on doit penser à plusieurs, un peu comme une famille. À ce petit jeu on se rend vite compte de la problématique liée à la Fuzz : Elle gonfle les basses, réduit les fréquences médiums et boost les aigues. Il est indispensable de comprendre cela pour ensuite rectifier le tir : 

« La guitare est un instrument essentiellement médium point. » 

 Ce n’est pas plus compliqué que ça. La fuzz, va par essence, « retirer » les fréquences faisant de la guitare une guitare. Imaginez un oiseau sans aile, tout de suite il va moins bien voler (ne me parlez pas du kiwi hein, les exceptions ça existe 😉). 

En boostant les fréquences basses, vous allez empiéter sur la basse et certains éléments de la batterie. À l’inverse, en augmentant les aigues vous allez entrer en conflit avec d’autres éléments de la batterie, ainsi que le vôtre guitariste lead, voir votre chanteur. 

Votre mission, si vous l’acceptez, est donc de recentrer votre fuzz sur ces fréquences (600hz-1khz). 

Allez, on vous dit comment mener à bien cette mission ! 

Toujours utiliser une Fuzz sur un canal légèrement Crunch.

S’il y a bien une règle que vous devez retenir si vous débutez dans le domaine de la fuzz c’est bien celle-là. Une fuzz ne s’utilise pas sur un canal parfaitement clean ! En effet, le caractère très nerveux de cette dernière se verra exacerbé sur un canal parfaitement limpide. Du coup, les aigües (l’essaim d’abeilles) seront amplifiés, et la saturation bien moins définie. 

Pour les fuzz (et la plupart des pédales de saturation finalement), il est recommandé de les utiliser sur un ampli légèrement saturé. Je ne parle pas d’une saturation extrême, mais un léger crunch. Cela permettra, déjà, un meilleur contrôle de l’effet mais également des fréquences moins éparses 

L’égalisation = la base

De manière générale, l’égalisation est extrêmement importante. Mais avec une pédale de fuzz encore plus ! De nos jours, les amplificateurs possèdent des égalisations 3 bandes (Bass, Middle, Treble) pouvant suffire pour contrôler votre fuzz.

Si vous êtes dans ce cas, Nous vous recommandons (en fonction de la guitare et du baffle bien évidemment) de baisser les basses, d’augmenter les middle et de bien baisser les aigues. Bien que pouvant paraitre être une solution de fortune, ces réglages peuvent vous sauver la mise en répétition. 

Cependant, ce type de manipulation est intéressante si la fuzz est votre effet principal. Si pour la suite vous souhaitez utiliser la saturation de votre amplificateur, il faudra alors retoucher l’eq au risque de déséquilibrer le mix. 

C’est pourquoi, il est recommandé d’utiliser une pédale d’égalisation (10 bandes idéalement). La pédale d’égalisation est à mes yeux un effet essentiel. Pas simplement pour gérer les fuzz, mais pour l’ensemble de votre son. Elle vous permettra de sculpter de façon ultra précise votre signal, afin que chaque instrument au sein du groupe se trouve à sa place. Dans le cadre d’une fuzz, la pédale d’EQ est d’une efficacité redoutable. Prenons le cas de la mienne (Une Aequatio de Ministry of Tones). 

Grâce à ses 10 bandes, vous allez pouvoir corriger les fréquences qui ne sont pas cohérentes et optimiser les autres : En dessous de 100hz ça dégage. Cette plage de fréquence est importante pour la grosse caisse et la basse mais pas pour la guitare ! Comme je suis guitariste rythmique, j’ai tendance à gonfler mon bas médium, soit 250hz. Cela va permettre un meilleur soutien de la guitare, en renfort de la basse qui opère un peu plus bas. La bande des 500hz est souvent critique en guitare car il s’agit de résonances peu flatteuses. Il convient donc de la baisser légèrement. Selon le rendu voulu, nous vous recommandons d’augmenter la bande 1khz ou 2khz, correspondant aux hauts médiums. Au-delà de 4khz, les abeilles pointent le bout de leur nez. Vous vous souvenez de ces fréquences aigues exacerbées par la fuzz ? Elles se situent principalement entre 6 khz et 10khz ! Du coup si vous baissez drastiquement les bandes 8 et 16khz le problème disparait ! 

 Ci-dessous le réglage que j’utilise avec ma fuzz en répétition. Il peut s’agir d’une bonne base si vous souhaitez affiner votre son.

Favoriser une pédale de fuzz avec une égalisation efficace ou un switch mids

 Pas tout le monde dispose d’une pédale d’égalisation. Et quand bien même vous en possédez une, un tel produit demande pas mal de temps pour être maitrisé. Si vous ne souhaitez pas vous embarrasser de telles considérations, il va falloir ruser. 

Certaines pédales de fuzz possèdent une égalisation ou carrément un switch boostant les mids, comme la Solidgold Fx Imperial à gauche. Ces produits vont vous apporter une flexibilité maximum tout en simplifiant les réglages. Grâce à ces features, il vous sera bien plus facile de percer dans le mix. Les switchs mids sont très utiles car ils ont été conçus pour booster pile poil les fréquences qui vont nous intéresser en guitare électrique. De nos jours beaucoup de Fuzz embarquent ce genre de dispositif, que ce soit la Keeley Rotten Apple ou encore la Dope Fx Earth Weller possédant carrément une égalisation 3 bandes ! 

L’overdrive, l’ami intime de la fuzz !

 Cela peut paraitre déroutant mais sachez que les overdrives et les fuzz s’entendent à merveille ! Non seulement elles s’entendent bien, mais une fuzz fonctionnera bien mieux avec un overdrive en amont que toute seule. Cela s’explique par le fait que le signal entrant dans votre fuzz sera alors moins « droit » que lorsqu’il provient uniquement de la guitare. De ce fait, les fréquences seront mieux équilibrées et la fuzz sera plus contrôlable. Grâce à ce tips, vous pourrez en plus jouer des potards de votre guitare pour récupérer un crunch sale bien que la fuzz soit enclenchée ! D’un point de vu polyvalence on fait fort ! Autre aspect positif d’un tel montage, il existe des fuzz dépourvues de contrôle. Je pense par exemple à la Feed Me de Anasound ou La Earthquaker Acapulco Gold. De très bonnes références dotées d’un grain particulier mais niveau contrôle, ce n’est pas ça. Eh bien grâce à L’overdrive placé avant, il vous sera possible d’utiliser son tone comme égalisation pour la fuzz ! Le top ! La plupart des overdrives se marient bien avec les fuzz, mais de manière générale, il est recommandé de favoriser des modèles Low Gain. Mes 2 coups de cœurs pour ce type d’application sont la Mad Professor Little Green Wonder et la Xotic Ep Booster ! 

Je ne vous ai pas menti, la fuzz est un effet mythique ! Un effet mythique mais demandant tout de même un minimum de réflexion, surtout si vous souhaitez jouer en groupe. Faut-il abandonner la fuzz ? Non surement pas. Ces pédales caractérisent à elles seules le son Rock et Hard. Cependant, si vous voulez un rendu à la hauteur de vos espérances, il va falloir modifier vos habitudes de jeu. Travaillez l’EQ, baissez le niveau de gain et tout va bien se passer. Sachez également une chose, les grands artistes ayant fait de la fuzz leur effet de prédilection se sont également cassés les dents au début. Un exemple ? Billy Corgan de Smashing Pumpkins. Cela peut paraitre étonnant, mais leurs premières prestations sont décriées, notamment à cause de l’utilisation outrancière de Big Muff ! Comme quoi ! 

Laisser un commentaire