Quittons l’univers coloré et joyeux de Decode pour nous tourner vers un style radicalement différent, le Groove Metal. Si les chants gutturaux vous dérangent et que les Low tuning vous angoissent nous vous invitons à passer votre chemin. Cependant, si les saturations extrêmes dictées par les frappes dévastatrices de la caisse claire vous font frissonner, vous allez adorer ! Aujourd’hui nous allons parler de Metal avec le groupe Red Gordon. Go !
Avant toute chose : Aimez-vous la bière ? Red Gordon oui. Un amour incommensurable les ayant poussés à baptiser leur groupe, non pas d’eau bénite, mais aux couleurs d’une marque de binouze (très moyenne selon eux). Et rien que ça, ça claque. Trêve de plaisanteries et rentrons dans le vif du sujet.
Red Gordon est un groupe de Groove Metal, fondé en 2017 à Clermont-Ferrand. Il s’agit d’un quatuor composé de : Tao au chant, Aurélien à la guitare, Yohann à la basse et Niko à la batterie. Cette sympathique bande de Clermontois, puise son inspiration dans de nombreuses références de la scène métal : Slipknot, Korn, Lamb of God ou encore Iron Maiden. Ces influences leurs ont permis d’établir des fondations solides pour leurs compositions. Car oui, Red Gordon nous gratifie de plusieurs titres, disponibles sous la forme d’un EP intitulé « Smoke River ».
Et cet EP, parlons-en ! Composé de 7 titres rageurs, il nous permet de mieux appréhender leur univers. Après une introduction énigmatique, répondant au doux nom « d’intro », l’album commence avec un titre aussi nerveux qu’efficace intitulé « Virgin is not a saint». Un chant granuleux et des harmoniques de guitares efficaces au service d’un morceau écrit pour déclencher pogos et autres « Pits » en live ! Après un morceau dans la même veine faisant la part belle à la batterie, nous arrivons sur un titre surprenant, répondant au nom de She’s a witch. Introduction douce, chant mêlant français et anglais, nous avons l’impression d’une ballade jusqu’au ¾ du morceau, moment ou débarque l’artillerie lourde. Vient ensuite une interlude rappelant les chansons « trolls » d’Ultra Vomit pour mieux introduire le single du groupe « Fuck and Bye ». Morceau d’une noirceur et d’une violence assumée, appuyé par une rythmique incisive et angoissante, apportant un coté hypnotique à la limite du Stoner sur les couplets. Précisons que ce morceau à fait l’objet d’un clip, que vous trouverez en lien à la fin de l’article. Red Gordon frappe fort avec « Fuck and Bye » et ne nous laisse guère le temps de nous relever qu’une nouvelle track arrive : « Back in the street », le titre venant conclure cet EP. Quoi ? Nous voilà déjà arrivés à la fin ?
Alors que retenir de Smoke River ?
Cassons d’emblée le suspense : le premier Ep du groupe est très prometteur pour la suite. En effet, ce voyage agité au sein de l’univers des Clermontois ne vous laissera pas indemne. Les sonorités et les parties vocales ne sont, certes, pas à destination de tous les publics, mais l’énergie et l’inspiration de la bande devrait suffire à rallier un bon nombre de partisans à leur cause. Au-delà de ces considérations, il s’agit d’un EP sincère et démonstratif des ambitions du groupes : Un quatuor animé par un amour ardent pour la scène et l’envie évidente de se produire aux quatre coins de la France (voire ailleurs).
Red Gordon ne cherche pas à aborder des sujets épineux, de société ou politiques. Non. Le groupe cherche avant tout à s’éclater, et à proposer à son public un shot d’énergie. Selon nous, Red Gordon fait parti de ces groupes explosifs, taillés pour le live. Malgré leur fraicheur, ces derniers ont une approche très professionnelle, aussi bien dans leur musique que visuellement. Vous êtes encore là ? Go les voir sur scène !
Et la guitare dans tout ça ?
Nous allons mettre fin à ce suspens interminable en vous révélant ce qui fait le son lourd et hargneux de Red Gordon !
Ce n’est pas une surprise, qui dit Métal, dit part belle aux guitares. Vous savez, généralement des guitares détunées en Drop C pour un son très lourd. Mais oui, généralement couplées avec des amplificateurs high-gain, conçus pour invoquer les démons !
Ici, c’est à Aurélien qu’incombe l’honneur de définir la signature sonore du groupe. Cela va devenir une tradition à chaque article, mais nous sommes allés à sa rencontre afin de connaitre ses secrets et de vous présenter son Rig en détail.
Aurélien est le seul guitariste de Red Gordon. Il suffit d’écouter le répertoire du groupe pour se rendre compte que la rythmique occupe une place prépondérante, pour ne pas dire centrale. En effet, Red Gordon ne propose pas particulièrement de solos de guitare. Cette dernière a ici un rôle rythmique, servant à accentuer la lourdeur de la basse et de la batterie, livrant ainsi un ensemble cohérent.
Guitare
Décidemment, la plupart des guitaristes que nous rencontrons sont des afficionados des formes Les Paul ! Il va falloir que ça change 😉
Pour son instrument principal, Aurélien a décidé de se tourner vers la déclinaison de chez Epiphone de la légendaire Les Paul en jouant sur le modèle « Special Vintage Worn Cherry ».
Si elle ne possède pas les mêmes caractéristiques que sa grande sœur de chez Gibson, elle n’en reste pas moins un instrument de bonne qualité et répondant aux attentes du style musical. Son manche en ébène combiné aux micros double bobinages chers à la marque apporte une rondeur et une tolérance aux sons saturés satisfaisante.
De plus, cette combinaison est particulièrement adaptée aux accordages bas, propres à tous les sous-genres de métal.
Amplificateur
Si vous vous êtes déjà penché sur le style musical abordé aujourd’hui, vous saurez que l’amplificateur tient une place prépondérante. Bien évidemment cette règle est commune à la plupart des courants musicaux, mais le tranchant du Métal n’est pas accessible avec la plupart des amplificateurs. Beaucoup ont tendance à favoriser des amplificateurs à haut gain, pensant que cela puisse suffire à obtenir le son recherché. Bien que cohérent de prime abord, la réalité s’avère plus délicate. Car n’oublions pas que ce qui fait cette lourdeur c’est avant tout la dynamique et non le gain. Pousser le gain d’un amplificateur à 10 ne sera malheureusement pas la plus heureuse des opérations car au-delà d’un certain niveau, votre signal se verra noyé dans le mix, la faute à un manque de dynamique. Il est donc nécessaire de trouver l’équilibre entre distortion et dynamique, pas facile en somme ! Mais revenons-en au sujet ! Pour la section amplification, Aurélien s’est tourné vers une valeur sure de la marque Bugera : le 333XL.
Il s’agit d’un ampli tout lampes de 120W bien connu de la scène métalleuse pour ses caractéristiques et son rapport qualité prix quasiment imbattable. Aurélien nous a confié que le grain de l’amplificateur collait parfaitement au style du groupe : « J’utilise principalement le canal Lead sur les parties les plus énervées… mais attention, je ne fais pas l’impasse sur le canal Crunch, car ce dernier possède un « chunk » vraiment intéressant ! Et puis sur certaines introductions j’ai besoin d’un son plus sage pour pouvoir envoyer le Lead derrière. En Low Tuning le son peut vite devenir brouillon, mais ce n’est pas le cas avec ce Bugera, à condition bien sûr de ne pas pousser le gain à 11 sur 10 ! »
Pédales d’effets
Abordons maintenant la partie de prédilection d’Effects Area, les pédales d’effets !
A l’instar de notre précédent interview, Aurélien possède un pedalboard plutôt minimaliste mais répondant parfaitement à ses attentes : « Avec Red Gordon, nous misons beaucoup sur l’explosivité et la communication avec le public. Du coup, j’essaye de réduire au minimum tout ce qui peut « interférer ». En plus, étant le seul guitariste, j’essaye de me focaliser sur la rythmique et la cohérence de mon son. Mais bon, j’utilise quand même des effets, faut pas déconner… Notamment 2 pédales indispensables pour moi ! »
Et ces pédales les voici : La Digitech Whammy DT et une Behringer VD400 vintage delay.
Alors, est-il nécessaire de présenter la Whammy DT ? Bon si vous insistez ! Il s’agit d’une pédale de Detune, Harmonizer et Pitch. Excusez du peu ! Démocratisée dans les années 90 par un certain Tom Morello et largement utilisée dans les années 2000 par Matthew Bellamy (Front man de Muse), cette pédale permet de moduler la hauteur des notes via l’action de la pédale d’expression, soit via ses switchs. Cela va permettre d’obtenir un son octavé 2 tons endessous ou au contraire à l’octave supérieur.
En utilisant la pédale d’expression, il est possible de « naviguer » entres les hauteurs en temps réel, créant ce son typique. Mention spéciale au modèle DT, qui permet de simuler une guitare 12 cordes.
« J’adore la Whammy … Elle m’autorise pas mal de folies, notamment en termes d’accordage. En fait, cela me permet de descendre encore plus bas sans toucher à mes mécaniques tout en apportant une couleur vraiment particulière. Parfois, lors d’harmoniques, j’aime beaucoup l’utiliser à l’octave supérieure pour percer dans le mix de façon atypique et laisser de la place à la basse. »
Et du coup, concernant le Delay ?
« Alors je ne suis pas un adepte des effets de modulation, mais j’utilise parfois ce petit delay. Notamment sur certaines introductions comme « She’s a witch ». J’ai tendance à mettre des répétitions assez courtes pour donner de l’épaisseur et simuler un chorus. Après nous sommes en train de travailler sur un album, et peut être que je serai amené à utiliser ce type d’effets de manière plus intensive qui sait ??»
Eh bien merci Aurélien pour ces précisions 😉
Vous savez ce qui nous a plu chez Red Gordon ? Au-delà d’une qualité musicale évidente c’est surtout cette énergie communicative et cette sincérité envers le public. Exit les clichés autour des métalleux … Certains diraient qu’ils sont flippants, d’autres que leur musique est belliqueuse. Hé bien tant pis pour les détracteurs, car ils passent probablement à coté d’un groupe émergent de la scène métal ayant réellement quelque chose à proposer. Pour les curieux, nous vous invitons à les suivre dans leurs aventures saturées !
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Site : www.redgordon.fr